Pourquoi boire de l’alcool enceinte est interdit

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PAR Anne-Laure

Souvent associé aux célébrations et moments festifs, le vin fait partie du patrimoine français. Vous allez donc certainement être confrontée à une proposition. Vous aurez peut-être un doute quant à savoir si vous pouvez oui ou non boire de l‘alcool enceinte. En fait des risques existent. Et en dépit des campagnes de prévention autour de « zéro pendant la grossesse », chaque année encore, près de 1% nouveaux-nés présentent une conséquence liée à la consommation d’alcool in utero.

Le message concernant l’alcool pendant la grossesse est simple à retenir. Dès que vous vous savez enceinte, arrêtez toute consommation d’alcool et ne faites aucune exception. En effet, il n’existe pas de dose-seuil en deçà de laquelle la consommation d’alcool serait sans danger pour le fœtus. Le principe de précaution doit s’appliquer.

Pourquoi faut-il arrêter de boire de l’alcool enceinte ?

La femme enceinte doit bien s’hydrater pendant 9 mois pour couvrir ses besoins et ceux du bébé. Mais cela ne signifie pas qu’elle puisse boire n’importe quelle boisson durant sa grossesse. Or seules 25% des futures mamans sondées considèrent toute consommation d’alcool comme fondamentalement risquée pour l’enfant. Pourtant, l’alcool figure en haut de la liste des boissons interdites. Vous allez comprendre pourquoi.

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D’abord il faut savoir que le foie traite l’essentiel de l’alcool consommé grâce à des deux enzymes qui interviennent successivement. Ainsi, le foie met en moyenne 1,5 h pour pouvoir décomposer l’alcool contenu dans un verre de vin ou de bière qui renferme environ la même quantité d’alcool, à savoir 10 g. Mais, à quantité égale consommée, l’alcool est plus nocif pour les femmes que pour les hommes. Deux facteurs l’expliquent :

  • l’alcool est plus soluble dans l’eau que dans la graisse. Or les femmes ont plus de tissus adipeux. Aussi la concentration de l’alcool dans le sang est plus élevée dans le corps de la femme.
  • les femmes possèdent dans une moindre quantité les enzymes nécessaires à la dégradation de l’alcool par le foie.

Le problème est que pendant tout ce temps, votre foetus absorbe lui aussi l’alcool que vous avez bu. Car le placenta ne filtre absolument pas l’alcool. Celui-ci peut alors attaquer directement le système nerveux du bébé. Or c’est un des produits les plus dangereux pour le foetus. 

La toxicité de l’alcool varie en fonction de plusieurs facteurs 

  • la quantité consommée
  • l’ancienneté de l’alcoolisme
  • un facteur génétique 

Les risques liés à la consommation d’alcool enceinte

L’alcool est capable de provoquer 

  • des malformations, en particulier des anomalies faciales touchant la lèvre supérieure
  • d’un retard de croissance pré et post natal
  • de troubles graves du développement neurologique 
  • des troubles cognitifs, voire d’un retard mental,
  • de troubles comportementaux à l’âge adulte.

Il s’agit d’un enjeu majeur de santé publique puisque c’est la première cause de handicap mental d’origine non génétique chez l’enfant en France (source : Étude auprès des femmes enceintes sur la consommation d’alcool) et plus globalement dans les pays occidentaux.

Qu’est-ce que le syndrome d’alcoolisation foetale ?

Lorsqu’une femme enceinte consomme de l’alcool, celui-ci passe dans son sang et rapidement dans celui de l’enfant au travers du placenta. Le fœtus a néanmoins besoin de plus de temps que la mère pour éliminer cet alcool. En effet, son foie n’est pas pleinement mature et les enzymes nécessaires à la dégradation de l’alcool ne sont pas encore en quantité suffisante.

Cette consommation indirecte peut provoquer chez le foetus plusieurs anomalies au cours de la gestation avec des dommages irréversibles. Dans les cas les plus graves, l’exposition chronique in utero à l’alcool peut donner lieu à des dégâts sévères regroupés sous le terme de syndrome d’alcoolisation foetal (SAF).

Mis en évidence dès 1968 par le pédiatre français Paul Lemoine établi à Nantes, le diagnostic est posé quand 3 critères s’observent :

  • un retard de croissance pré et post-natal,
  • une atteinte du système nerveux central
  • une dysmorphologie faciale caractéristique.

Le médecin breton repéra au départ ces enfants car ils avaient un même faciès même sans appartenir à la même fratrie et présentaient un énorme retard de croissance. Si la France a mis plusieurs décennies à reconnaître l’apport de ce médecin, cette découverte a depuis été confirmée.

Plusieurs études longitudinales évaluant des individus à différents âges de la vie (bébé, enfant, adolescente et adultes) ont ainsi validé que les séquelles pour l’enfant exposé durant la période foetale sont irréversibles. 

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Le SAF expliquerait actuellement 5 à 8% des retards mentaux avec un QI inférieur à 70 aux USA et en Finlande. 

Quels sont les alcools interdits enceinte ?

En fait ils le sont tous. Aucun n’alcool n’est plus dangereux qu’un autre. Plutôt que la boisson elle-même, ce qui compte c’est la quantité d’alcool pur consommée. Ainsi l’unité internationale d’alcool (UIA) représente environ 10g d’alcool pur. Cela revient à 25 cl de bière à 5° mais à 2,5 cl de Cognac !

Faisons un petit tour rapide de tous les alcools intedits

Le vin

Beaucoup de femmes se demandent s’il est dangereux ou pas de boire du vin pendant la grossesse. En fait, quelle que soit sa couleur, qu’il soit pétillant ou non, le vin contient lui aussi de l’alcool dont la consommation peut porter atteinte au foetus. Même si son degré d’alcool est moindre que les alcools forts, il est suffisant pour causer des dégâts à votre bébé.

La bière

Longtemps on a recommandé aux jeunes mamans de boire de la bière pour favoriser la montée de lait. C’est le genre de croyance qui ont fait beaucoup de mal et gène encore la prise de conscience des risques liés à la consommation de bière enceinte.

Quelle que soit sa couleur – blonde, ambrée, brune ou blanche – et quelle que soit sa méthode de fermentation, la consommation de toute bière doit aussi être oubliée pendant les 9 mois de la grossesse. Qu’elle tire à 5° comme la Heinekein ou 65° comme la Brewmeister Snake Venom, elle est considérée comme dangereuse dans tous les cas.

Les alcools forts à bannir pendant la grossesse

Si certains alcools forts peuvent se boire « sec », d’autres sont souvent à la base de cocktail ou de mélange comme le whisky-coca ou la vodka orange. Ici aux Antilles, on pourrait mentionner les planteurs. Mais cela ne change en rien leur dangerosité pour les futures mamans et leur foetus.

Bref, dans tous les cas, ces alcools doivent absolument disparaître de votre consommation si vous aviez l’habitude d’en boire avant la grossesse.

Boire des alcools doux enceinte est aussi interdit

Vous pourriez penser à tort que la moindre teneur en alcool des alcools « doux », inférieure à 18°, les rendrait consommable. Il n’en est rien. J’insiste car ces alcools plus sucrées sont souvent très appréciées de la gente féminine. Donc exit les alcools suivants, pour ne citer que les plus connus

  • Le cidre, même si certains descendent à 3° d’alcool !
  • Le Malibu, à base de rhum et de noix de coco (21°)
  • Le Martini, vin aromatisé à base de plantes (14,5° pour le blanc, 15° pour le rouge)
  • Le Porto, vin muté originaire du Portugal (entre 16° et 20°)
  • Le Pineau des Charentes, vin de liqueur obtenu par le mélange de moûts de raisin et de cognac (entre 16° et 22°)
  • La Suze, liqueur de gentiane à 15°.
Boire de la bière enceinte est interdit comme tout alcool pendant la grossesse
La bière est interdite aux femmes enceintes comme tous les types d’alcool

Puis-je utiliser de l’alcool dans mes recettes de cuisine pendant ma grossesse ?

De nombreuses recettes, qu’il s’agisse de plats ou de desserts, comportent différents alcools comme ingrédients : la bière dans les crêpes, l’alcool de fraises dans la charlotte du même nom, le vin blanc pour le risotto, le vin rouge pour les plats mijotés comme le boeuf bourguignon ou des alcools forts pour déglacer les sucs de la poêle et flamber les poissons en fin de cuisson….

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Impossible de lister de manière exhaustive ces plats délicieux, en revanche, quelques informations s’imposent pour comprendre pourquoi, même sous l’effet de la cuisson, l’alcool ne disparaît pas totalement. Et donc pourquoi là encore vous veillerez à ne pas consommer de l’alcool enceinte via la préparation de vos repas.

4 facteurs principaux interviennent pour expliquer la quantité plus ou moins importante qui demeure à l’issue de la cuisson :

  • la quantité ou volume utilisé(e)
  • le degré d’alcool : entre une bière à 5% et un alcool fort tirant à 59° comme le rhum de Marie-Galante, il y a un grand écart.
  • la durée de la cuisson et donc de la combustion
  • la méthode de cuisson (à l’étouffée ou à l’air libre, flambée) 

Sans vouloir retenir les chiffres dans le détail, souvenez-vous seulement qu’après une cuisson de 2 heures et demi, 5% de la quantité d’alcool initiale restent présents dans le plat. 

Or la plupart du temps, vous ne mijotez pas aussi longtemps vos préparation. Donc le plus simple est de supprimer l’ingrédient de vos recettes ou de le remplacer par une version « soft »

Modalités d’utilisation de l’alcoolPourcentage d’alcool restant
Aliment flambé75 %
Mijoté après 1 h25 %
Mijoté après 2h10 %
Cuisson au four de 25 minutes40 %
Pourcentage d’alcool restant à l’issue de différentes durées de cuisson

Y a-t-il une quantité d’alcool minimale sans risque pendant la grossesse ?

Consensus sur les conséquences d’une forte consommation d’alcool enceinte

Cela fait longtemps que la consommation chronique ou abusive d’alcool pendant la grossesse est considérée comme à risque. Déjà dans l’Antiquité, certains auteurs mentionnaient les effets néfastes sur les enfants. « Des femmes idiotes, ivres, ou farfelues, amènent pour la plupart des enfants comme elles, défaillants et languissants » (Aristote).

En fait les troubles causés par l’alcoolisation foetale dépassent le syndrome lui-même décrit plus haut. Des études ont commencé à montrer des effets négatifs même avec ce qui était considéré comme une consommation «modérée». On parle d’environ 2 verres par jour.

Une forte exposition à l’alcool pendant la grossesse majore aussi le risque de prématurité et de mort foetale.

Controverse sur les conséquences d’une faible consommation d’alcool enceinte

D’abord, si l’OMS a défini ce qu’elle entend par faible consommation en temps normal, il n’y a pas de consensus sur la définition d’un niveau faible à modéré de consommation pour la femme enceinte.

Malgré tout, les études qui portent sur la faible consommation d’alcool enceinte sont peu nombreuses et ne vont pas toutes dans le même sens. C’est le constat dressé par Camille Vassy dans thèse de médecine qui fait la revue de la littérature scientifique à ce sujet jusqu’en 2013. Sur la base des 11 publications retenues, elle indique :

« Il n’a pas été démontré d’association entre une consommation maternelle d’alcool inférieure à 2
verres standards par semaine et un risque accru de mort fœtale, de troubles de la croissance, de prématurité ou de malformation fœtale. Il existait néanmoins d’importantes faiblesses méthodologiques et une grande hétérogénéité parmi les études de cette revue ».

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La précaution s’impose

On peut donc en conclure qu’il n’y a pas de quantité sûre d’alcool connue pendant la grossesse. À partir du moment où on n’a pas de preuve de l’innocuité de l’alcool pendant la grossesse, il faut appliquer le principe de précaution. Comme définir une dose sécuritaire de consommation d’alcool qui serait sans conséquence sur le fœtus est impossible, s’abstenir totalement de consommer.

L’abstinence totale est la recommandation officielle en France, au Canada, aux États-Unis, au Danemark et aux Pays-Bas. On peut signaler que le Royaume-Uni qui prônait une tolérance jusqu’à un certain seuil en dessous duquel le risque n’est pas prouvé, est revenu sur sa position. Le NHS recommande aussi aujourd’hui l’abstinence.

En guise de conclusion

Vous savez maintenant pourquoi vous devez vous abstenir d’accepter un verre d’alcool enceinte, que ce soit du champagne, du crémant, du cidre ou du vin. Aucun plaisir ne mérite de faire courir des risques à votre futur bébé.

Quel alcool boire enceinte ?

Aucun n’alcool n’est plus dangereux qu’un autre. Dans la mesure où on ne sait pas à partir de quelle dose-seuil l’exposition in utero à l’alcool peut être nocif, aucun alcool ne peut être recommandé à la femme enceinte.

Quand arrêter de boire enceinte ?

Dès que vous avez eu confirmation que vous êtes enceinte, vous devez vous abstenir de boire. Il n’y a pas de « meilleur » moment pour boire enceinte. Si le premier trimestre avec l’embryogenèse voit les organes commencer à se développer, certains comme le cerveau ne sont achevés qu’en toute fin de grossesse. A n’importe quel moment de la grossesse, la consommation d’alcool peut avoir des conséquences. 

Comment boire enceinte ?

Dans la mesure où il faut appliquer le principe de « zéro alcool pendant la grossesse », il n’y a pas de manière de boire enceinte qui minimiserait les risques.

Est-ce qu'une femme enceinte peut boire du champagne ?

Boire du champagne enceinte est interdit

Comme définir une dose sécuritaire de consommation d’alcool qui serait sans conséquence sur le fœtus est impossible, s’abstenir totalement de consommer. Cela veut pour le champagne comme pour toutes les autres boissons alcoolisées.

Références et sources sur l’alcool pendant la grossesse

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Anne-Laure
Anne-Laure est la maman d'un petit garçon de 6 ans. Fondatrice de Petite Crapule, depuis sa grossesse elle n'a pas arrêté de s'informer sur la maternité et la parentalité. Elle partage ici ses recherches et expériences de maman blogeuse, entrepreneure et auteure.

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