Pourquoi l’eau du robinet peut être plus saine que l’eau en bouteille pour les biberons de bébé ?

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PAR Anne-Laure

Que vous nourrissiez votre nouveau-né au biberon ou de manière mixte, vous hésitez sûrement sur l’eau à utiliser pour préparer des biberons. Vous avez peut-être entendu dire que les nourrissons ont besoin d’une eau faiblement minéralisée. En effet, leur organisme fragile, composé à 75% d’eau, repose sur des reins immatures jusqu’à la fin de la première année de vie. Ils ne peuvent donc pas jouer leur rôle de filtre comme ils le font plus tard. Aussi savoir si l’eau du robinet convient pour préparer des biberons est une question critique.

Vous pouvez utiliser de l’eau du robinet pour préparer vos biberons sous réserve de respecter quelques recommandations. L’eau du robinet peut même présenter des avantages comparés à l’eau en bouteille. Non seulement, elle remporte le match sur les plans économique et écologique, mais l’eau du robinet peut aussi être plus saine.

Des biberons avec de l’eau du robinet : oui c’est possible

L’OMS a défini les critères de potabilité de l’eau en 2006. En France, le Code de la santé publique (CSP) établit une liste de près de 70 critères pour juger de la qualité de l’eau.

L’eau du robinet, une eau très contrôlée

L’eau du robinet compte parmi les produits alimentaires les plus surveillés, si ce n’est le plus contrôlé. En 2019, 310 000 prélèvements d’échantillons d’eau et plus de 17 millions de résultats analytiques ont été réalisés en France.

Robinet d'eau en train de couler

Pour s’assurer que la consommation de l’eau ne présente aucun danger pour la santé humaine, deux aspects principaux importent :

  • La potabilité microbiologique : c’est l’absence, ou la présence à des taux suffisamment faibles, de micro-organismes susceptibles de provoquer des maladies graves et contagieuses. Par exemple, on teste la présence de la bactérie Escherichia coli pour détecter la présence de matière fécale.
  • La potabilité chimique : c’est l’absence, ou la présence à des taux suffisamment faibles, de substances toxiques susceptibles de provoquer des maladies à plus ou moins long terme. Rentrent dans cette catégorie l’arsenic, l’aluminium, le cuivre, le mercure mais aussi pesticides ou encore les nitrates…

L’eau présente dans la nature est un milieu vivant, qui peut être pollué. C’est pourquoi elle subit systématiquement un traitement, une désinfection et un contrôle avant sa distribution.

Le traitement est quasi systématiquement réalisé avec du chlore. En effet, celui-ci évite le développement de micro-organismes dans les réseaux. Par ailleurs, les techniques d’analyse se perfectionnent continuellement pour détecter les polluants de manière plus fine.

Comment savoir si l’eau de mon robinet convient à mon bébé ?

Chaque maire a l’obligation de communiquer à sa population les résultats des analyses du contrôle sanitaire des eaux. Quels que soient ces résultats, votre mairie doit les afficher pour vous informer sous 2 jours ouvrés.

Toutefois, l’obligation d’information pour les usagers est immédiate quand il y a un risque pour la santé. Des recommandations peuvent compléter cette alerte comme une restriction d’utilisation pour les populations sensibles comme les nourrissons. Vous serez donc normalement informée.

Mais rien ne vous empêche de prendre les devants. En effet, rendez-vous directement en ligne sur le site du Ministère de la Santé. Après avoir sélectionné votre région et votre commune, vous pouvez consulter les résultats.

Quelles précautions sont recommandées pour utiliser l’eau du robinet pour les biberons de bébé ?

L’Agence Nationale de sécurité sanitaire des aliments, de l’environnement et du travail indique que l’eau du robinet peut être utilisée pour la préparation des biberons.

Toutefois cette autorité recommande d’adopter quelques précautions supplémentaires :

  • L’eau du robinet ne doit être ni filtrée (carafe filtrante ou tout autre type de traitement de filtration à domicile) ni adoucie ;
  • Remplissez le biberon après avoir laissé couler l’eau du robinet quelques secondes ;
  • Utilisez uniquement de l’eau froide ;
  • Nettoyez régulièrement la tête du robinet (détartrage) ;
  • Si la construction de votre immeuble date d’avant 1948, les canalisations d’eau peuvent contenir du plomb. Contactez votre mairie ou la Direction Départementale de la Protection des Populations pour savoir si vous êtes concernés.

L’eau en bouteille : pas toujours appropriée pour la préparation des biberons de bébé

Les eaux embouteillées ne sont pas toutes bonnes pour bébé

Le terme « eau en bouteille » recouvre plusieurs réalités. Qu’il s’agisse d’eaux minérales ou d’eaux de source, il existe une grande variété de composition chimique.

Or toutes les eaux ne conviennent pas aux nourrissons et aux bébés. Le législateur a fixé des limites réglementaires spécifiques pour ces populations fragiles. C’est pourquoi seules les eaux minérales qui respectent ces normes affichent la mention « Convient pour la préparation des aliments des nourrissons ».

Sans surprise, les eaux gazeuses ou les eaux avec une forte concentration en sodium, par exemple, ne peuvent pas afficher cette mention.

L'eau embouteillée n'est pas toujours meilleure pour préparer les biberons de bébé

À l’inverse, certaines eaux minérales sont particulièrement adaptées pour les nouveau-nés. C’est le cas d’Evian, Volvic ou encore de Mont Roucous.

L’eau en bouteille, pas forcément plus contrôlée que l’eau du robinet

La France compte plus de 100 usines d’embouteillage d’eau qui conditionnent 186 eaux (chiffres 2020) :

  • 99 eaux minérales naturelles,
  • 83 eaux de source,
  • 4 eaux rendues potables par traitements.

En 2020, ces eaux conditionnées ont fait l’objet de près de 2 600 prélèvements d’échantillons. Au total, plus de 91 000 résultats analytiques ont pu être établis. Ces chiffres sont à rapporter à ceux plus haut pour l’eau du robinet : 310 000 prélèvements et plus de 17 millions de résultats analytiques.

Il n’y a donc pas plus de contrôle sur l’eau en bouteille. En revanche, elle affiche une bonne qualité : plus de 99,9 % des analyses étaient conformes aux limites de qualité fixées par la réglementation.

Le plastique dans les eaux en bouteille

Toutefois, les analyses sanitaires améliorent régulièrement leur capacité de détection. C’est pourquoi dernièrement les médias se font l’écho de nombreuses alertes en matière de qualité de l’eau.

Ainsi, à l’été 2022, le magazine 60 Millions de Consommateur a largement relayé l’étude publiée de l’association Agir pour l’environnement. Celle-ci fait état d’une contamination par les microplastiques pour 7 des 9 bouteilles de grande marque testées. On y retrouve du polypropylène (PP), du polyéthylène (PE), du polyuréthane (PU) et du polyéthylène téréphtalate (PET).

Plus inquiétant encore, Vittel Kids, destinée aux enfants présente la plus forte concentration avec 121 microparticules par litre !

Même si les risques exacts demeurent incertains, ces microplastiques pourraient pénétrer plus facilement dans l’organisme de nos enfants. Une raison supplémentaire pour réfléchir avant d’utiliser de l’eau en bouteille pour préparer les biberons de bébé.

Certains chercheurs britanniques ont dernièrement avancé l’idée selon laquelle l’eau du robinet pourrait inspirer de nouvelles solutions pour lutter contre la pollution aux microplastiques. Une note d’espoir pour le futur ?

Autres avantages d’utiliser de l’eau du robinet pour préparer vos biberons

Un choix économique

Les derniers chiffres disponibles remontent un tarif de 4,3 euros le mètre cube au 1er janvier 2021, soit 0,0043€ par litre sur la base d’une consommation annuelle de 120 m³.

Évidemment vous n’achèterez pas vos packs d’eau dans une telle quantité permettant avec une économie d’échelle. Pour votre seul bébé, vous aurez besoin d’acheter un pack d’eau par semaine. En effet, un bébé d’un an consomme environ 850 ml à 1000 ml par jour.

Mais il suffit de surfer sur les sites e-commerce des grands distributeurs pour constater une différence de prix de taille !

Les marques de la grande distribution affichent entre 0,17€/litre et 0,23 € /litre (eau minérale naturelle ou eau de source). De leur côté, les grandes marques d’eau tournent autour de 0,40€ /litre et 50€ /litre.

Au total, le prix d’un litre d’eau en bouteille est au moins 40 fois plus cher que celui de l’eau du robinet. Et le ratio peut s’envoler à plus de 100 fois plus cher !

Pour rappel, l’eau minérale naturelle se caractérise par une composition stable dans le temps et le fait qu’elle procure un bénéfice pour la santé.

Un choix écologique

L’eau en bouteille repose sur la production de plastique et son transport génère des gaz à effet de serre. Enfin, elle aboutit à la création de nombreux déchets. En effet, le recyclage ne concerne que 58% des bouteilles en plastique en France. À l’inverse, opter pour l’eau du robinet ne génère évidemment pas de déchets directement.

Alors que les Français consomment en moyenne 133 litres d’eau en bouteille par an, tout le monde s’accorde sur les ravages causés par la pollution plastique.

Préparer ses biberons avec de l’eau du robinet revient donc aussi à limiter notre impact sur la planète. Mon petit doigt me dit… que nos enfants nous diront merci !

Un choix pratique

Sauf si vous habitez dans une région où la distribution d’eau est régulièrement interrompue, vous pourrez toujours préparer vos biberons.

Pas besoin d’anticiper, de faire les courses ou de stresser au cas vous n’auriez plus une goutte en stock. Quand on sait la vie chaotique de certains jeunes parents, nul doute qu’il s’agisse d’un avantage supplémentaire. 😉

À partir de quel âge donner de l'eau du robinet à un nourrisson ou à un bébé ?

Vous pouvez donner de l’eau du robinet à un nourrisson dès sa naissance. Vous devez toutefois respecter un certain nombre de recommandations de l’ANSES (citées dans cet article).

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Anne-Laure
Anne-Laure est la maman d'un petit garçon de 6 ans. Fondatrice de Petite Crapule, depuis sa grossesse elle n'a pas arrêté de s'informer sur la maternité et la parentalité. Elle partage ici ses recherches et expériences de maman blogeuse, entrepreneure et auteure.

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