En tant que parent, vous êtes à la recherche de la meilleure manière de faire progresser vos enfants. D’expérience, vous savez que les activités ludiques les motivent plus à repousser leurs limites, qu’elles soient physiques ou mentales. Dernièrement, vous vous interrogez pour savoir si vous ne devriez pas initier votre dernière fripouille aux échecs. Mais n’est-ce pas trop tôt ? Qu’en retirera vraiment votre enfant ? Bref, vous voudriez connaître les bienfaits d’apprendre les échecs aux enfants ?
Le jeu où Garry Kasparov s’est illustré recèle de nombreux avantages. Activité alternative aux écrans qui se partage en famille, jouer aux échecs permet d’améliorer sa concentration, sa capacité à résoudre des problèmes, sa perception dans l’espace…. L’activité est tellement intéressante qu’elle est utilisée dans le système scolaire.
Développer une activité familiale
Avant de pouvoir se confronter à des adversaires lors de compétitions, les échecs offrent une opportunité de partager de bons moments en famille.
D’abord en apprenant à vos enfants à jouer aux échecs, vous allez y consacrer un certain temps. Il vous faudra en effet faire preuve de patience car ils ne vont pas retenir toutes les règles du premier coup ! Mais cela est une autre histoire… 😉Au final, ce temps de qualité constitue un socle précieux pour construire de bons souvenirs
Activité intergénérationnelle, un enfant peut y battre ses propres parents s’ils ne sont pas des joueurs expérimentés. Cette perspective peut fortement motiver votre canaille à faire les efforts nécessaires pour apprendre à jouer. Ainsi ce passe-temps pourra être appréciable lors des réunions familiales pour renforcer aussi les liens avec les grands-parents. Vous pouvez même organiser votre propre tournoi si vous êtes assez nombreux !
Proposer une activité ludique alternative aux écrans
Très souvent on reproche aux enfants de passer trop de temps devant leurs smartphones et/ou ordinateurs. Entre Minecraft, Roblox ou encore Animal Crossing, nos canailles sont très sollicitées. Régulièrement des articles de presse alertent sur les méfaits associés à cette consommation trop importante des écrans.
Or apprendre les échecs aux enfants permet de leur proposer une activité alternative aux écrans. Enfin…. des formations en ligne existent aussi donc les écrans peuvent aussi être votre allié pour parvenir à les éloigner d’eux ! Quoi qu’il en soit les échecs ne sont pas la solution miracle pour remédier à tout. Activité aussi sédentaire que de regarder un écran, ils ne développeront pas leur forme physique. Vous devrez trouver d’autres moyens pour respecter la recommandation de l’OMS pour les enfants âgés de 5 à 17 ans : faire au moins 60 minutes par jour d’activité physique d’intensité modérée à soutenue !
En revanche, l’inscription dans un club d’échec participe à l’amélioration de la sociabilité de votre enfant. Il sera ainsi amené à rencontrer d’autres enfants de son niveau, capables de jouer à autre chose qu’à la console. Une belle occasion pour se faire plein de copains et développer un sentiment d’appartenance, des facteurs de motivation pour apprendre !
Toutefois, n’attendez pas que vos enfants soient devenus accros aux écrans pour chercher à les « déconnecter » avec les échecs. La transition serait un peu trop abrupte et vous risqueriez d’échouer dans votre tentative.
Les échecs, un jeu pour travailler la mémoire
Au delà de ces considérations récentes (jouer avec ses enfants, les éloigner des écrans), il existe bien d’autres avantages à l’apprentissage des échecs. Ceux-ci ont été mis en évidence par des études scientifiques portées par la psychologie cognitive dès le XIXème siècle. En effet, les échecs constituent l’un des sujets de prédilection de cette discipline. Et la première compétence mise en évidence par les recherches a été le travail de la mémoire.
Dès 1894, Alfred Binet est en effet le premier à réaliser l’analyse approfondie de la mémoire des joueurs d’échecs. Il en rend compte dans Psychologie des Grands Calculateurs et Joueurs d’Échecs.
En fait, jouer aux échecs permet de faire travailler sa mémoire de travail, sollicitée en permanence dans notre quotidien. Cette mémoire à court terme intervient pour manipuler temporairement des informations en vue de réaliser une tâche particulière. Elle interagit avec la mémoire à long terme pour activer les connaissances nécessaires et savoir les traitements à effectuer pour jouer. Son seul inconvénient : avoir un espace de stockage limité.
Quand l’enfant apprend à jouer aux échecs, il utilise cette mémoire à court terme. Le jeu sert à l’entraîner :
- à partir de la localisation de ses pièces et de celles de son adversaire,
- il doit réfléchir aux possibilités de déplacement en allant chercher les règles stockées dans sa mémoire à long terme,
- il choisit enfin la meilleure des possibilités en les ayant comparées les unes aux autres.
Aujourd’hui nous savons que les grands maîtres n’ont pas seulement une excellente mémoire. En effet, on est revenu des considérations simplistes qui affirmaient que le jeu reposait sur la mémorisation et le calcul de combinaisons. Cela développe tellement de compétences que les échecs entrent dans la formation de nombreux écoliers.
Pourquoi apprendre les échecs aux enfants à l’école ?
Si l’idée a été introduite voici quelques décennies dans plusieurs pays, n’y voyez pas une pensée révolutionnaire. Dès l’époque médiévale, les échecs constituaient un outil de formation. Toutefois on sait aujourd’hui précisément pourquoi il est intéressant de s’en servir chez les plus jeunes. D’ailleurs, plusieurs études ont mis en évidence les bienfaits d’apprendre les échecs aux enfants. En plus, les compétences ainsi acquises sont largement mobilisables dans d’autres domaines.
Les échecs, un exercice bénéfique pour le comportement des enfants
Afin de pouvoir jouer aux échecs, les enfants comprennent rapidement qu’il est décisif de bien connaître les règles. Ici rien de nouveau par rapport à un autre jeu. Toutefois, la complexité des règles à retenir et leur mise en oeuvre nécessitent de faire preuve de patience et de faire des efforts. En progressant, les enfants prennent goût au jeu, ce qui valorise leur apprentissage. Ils récoltent les fruits de leur labeur quand ils parviennent à gagner leur première partie !
Par ailleurs, les échecs apprennent à savoir garder son sang froid et à ne pas paniquer dans une situation difficile. Par exemple, si l’adversaire exécute une manœuvre qu’on n’avait pas prévue, il ne faut perdre les pédales et conserver son calme.
En outre, avant de pouvoir gagner, ils leur faut longtemps accepter de perdre. Là aussi les échecs sont source d’apprentissage, tout comme pour savoir respecter son adversaire. Cela les confronte à de nombreuses situations où il faut maîtriser ses émotions, et en particulier la déception liée à la défaite.
Ces compétences comportementales – respect des règles, maîtrise de soi, patience et goût de l’effort – sont des savoir-être clefs pour leur avenir. Ainsi en apprenant à jouer aux échecs, nous donnons à nos enfants une opportunité supplémentaire de les maîtriser.
Apprendre les échecs aux enfants pour travailler certaines compétences cognitives
Améliorer la concentration des enfants
S’il y a bien une évidence quand on assiste à une partie d’échecs, c’est la concentration dont chacun des participants fait preuve.
Le niveau de complexité à appréhender nécessite en effet de focaliser toute son attention sur le jeu durant le temps de la partie. On constate logiquement que les enfants jouant régulièrement ont une capacité de concentration supérieure à celle de leurs camarades du même âge.
Améliorer les capacités de résolution des problèmes
Les chercheurs ont mis en évidence les similitudes de méthode entre la résolution de problèmes en mathématiques et le jeu d’échecs. Analyse et méthode avec les mêmes étapes y sont indispensables pour élaborer un plan d’action. « Observation – analyse des données (pièces sur l’échiquier, leurs positions, les menaces…) – hypothèses – vérification-planification – probabilité et calcul des variantes – analyse des conséquences »
Parmi les problèmes auxquels les joueurs d’échecs sont confrontés au cours de leur partie, on peut citer :
- comment à partir d’une situation d’équilibre initiale, créer un déséquilibre des pièces qui lui soit favorable jusqu’à pouvoir faire échec et mat ?
- comment prendre la meilleure décision à chaque coup de la partie ?
Une étude canadienne, publiée en 2018, a cherché à mesurer l’impact des échecs sur les capacités de résolution de problème. Réalisée dans 11 écoles francophones du Québec, elle a porté sur 186 garçons âgés de 8-9 ans. Répartis en deux groupes, certains élèves ont reçu des leçons en classe à raison d’une heure par semaine pendant 30 semaines par année. Il en ressort qu’après deux ans, les garçons ayant reçu les leçons d’échec obtiennent un rendement en résolution de problèmes plus élevé que celui observé chez les garçons du groupe témoin.
Les auteurs de l’étude concluent : « Considérant le rôle prépondérant
des habiletés en mathématiques dans la réussite scolaire, nous voyons dans le jeu d’échecs un outil pédagogique à exploiter ».
Pour résoudre les problèmes soulevés par les échecs, le joueur sollicite sa mémoire comme expliqué plus haut. Mais pas seulement….
Faire preuve de créativité
Mais chaque joueur ne joue pas indépendamment de l’autre. Il ne cesse de prendre en compte les coups de son adversaire pour y répondre du mieux possible. Le jeu repose donc sur une interaction entre deux individus donc deux logiques et deux intelligences.
A chaque nouveau coup, il faut combiner imagination et connaissances jusqu’à pouvoir remporter la partie.
Améliorer sa perception dans l’espace
Depuis les années 60, les chercheurs ont identifié une des compétences majeures des joueurs d’échecs experts. Ils sont en mesure de percevoir très vite les zones de l’échiquier importantes et les coups pertinents.
En 2012, une étude menée encore au Canada sur 126 élèves a mis en évidence l’impact positif des échecs sur le sens spatial des enfants débutants.
En effet, pour chaque coup, chaque adversaire doit réaliser des manipulations et des transformations d’objets à deux ou trois dimensions mentalement. Concrètement il faut être capable de changer l’orientation d’ un objet dans sa tête et de visualiser le résultat.
Quand un enfant débute aux échecs, il limite sa manipulation mentale aux pièces du jeu. Mais en grandissant et en devenant un joueur confirmé, il sera capable de visualiser mentalement :
- la figure constituée du déplacement possible (rayonnement) d’une pièce,
- la configuration globale de l’ensemble des pièces.
Or les connaissances spatiales sont souvent moins abordées par les enseignants et par les manuels scolaires que les connaissances géométriques. Apprendre les échecs aux enfants en classe participe d’un rééquilibrage.
Apprendre les échecs aux enfants pour lutter contre l’échec scolaire
Plus de 400 députés européen de toute tendance politique ont adopté le 15 mars 2012 une déclaration. Celle-ci vise à introduire le programme « Le jeu d’échecs à l’école » dans les systèmes éducatifs de l’Union.
Ainsi aujourd’hui, de nombreux pays d’Europe et du monde entier utilisent les échecs pour faire progresser leurs élèves. En France, l’Education Nationale incite ses professeurs à utiliser des jeux traditionnels et notamment du jeu d’échecs dans les classes. Un partenariat avec La Fondation L’échiquier de la réussite et de la Fédération française des échecs permet d’ailleurs de financer la formation des professeurs, la fourniture d’équipements et l’organisation de tournois.
En guise de conclusion
En arrivant à la fin de cet article, vous savez désormais tous les bienfaits d’apprendre les échecs aux enfants. Si vous êtes convaincu que vos fripouilles doivent apprendre les échecs sans tarder, commencez par lire mon billet consacré au sujet. Je vous invite ensuite à envisager une formation en ligne conçue par un ancien entraîneur de l’équipe de France jeunes.
Références et sources sur l’apprentissage des échecs chez les enfants
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FRANCE
- Le développement des habiletés cognitives de l’enfant par la pratique du jeu d’échec : Essai de modélisation d’une didactique du transfert
- La stratégie du joueur d’échecs CANADA
- Le jeu d’échecs dans les classes du primaire : un moyen ciblé pour développer les habiletés des garçons en résolution de problèmes
- L’effet de l’apprentissage du jeu d’échecs dans le cadre scolaire sur le développement du sens spatial d’élèves du premier cycle du secondaire
- La pratique des échecs en milieu scolaire : Un regard sur le développement des habiletés en résolution de problèmes mathématiques et sur le sentiment d’appartenance des élèves de troisième cycle du primaire BELGIQUE
- Pourquoi le jeu d’échecs dans les écoles ?