Fatigués de crier et de répéter sans cesse la même chose à vos enfants ? Vous avez entendu parler de l’éducation positive mais vous ne savez pas exactement ce que ce concept recouvre. Entre éducation autoritaire et éducation permissive, l’éducation positive appelée aussi bienveillante propose une troisième voie. Elle séduit de plus en plus de parents. Mais comment savoir si elle est faite pour vous ?
Je me suis posée les mêmes questions. J’ai beaucoup lu. Des livres et des articles de blogs consacrés au sujet qui foisonnent sur la toile. J’aurais aimé savoir dans quoi je m’embarquais avant de commencer même si je ne regrette rien. Alors j’ai cherché à présenter ici les principes clefs sur lesquels repose cette approche éducative pour vous faire gagner du temps ! Car du temps, vous en aurez besoin si vous vous lancez dans l’aventure de la parentalité bienveillante…
1. Etre bienveillant envers soi-même
Commencer par être bienveillant envers vous même constitue sûrement le premier principe de l’éducation positive à appliquer. Pourtant dans les faits, il est particulièrement difficile à suivre.
Tous les livres et blogs qui traitent du sujet insistent sur le besoin de s’accorder du temps pour soi pour être capable d’être bienveillant avec vos enfants. C’est assez logique. Si vous êtes frustré(e) parce que vous passez tout votre temps au service des autres, vous allez tôt ou tard exploser. Sauf si vous êtes Mère Térésa ! S’accorder du temps pour soi nécessite aussi d’être épaulé(e) : vous ne pourrez pas adopter cette approche éducative sans l’implication de votre conjoint(e). Non seulement le partage des tâches quotidiennes permet de dégager du temps pour soi, mais aussi l’oeil bienveillant de notre partenaire nous guide dans l’action. Aussi pour passer le relais quand on est à bout.
Etre bienveillant pour soi même revient aussi à accepter d’être imparfait ! Donc vous ne serez pas bienveillant en permanence 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 et 365 jours par an. Oui vous avez le droit de craquer…. Parce que c’est humain et qu’une éducation bienveillante ne cherche pas à donner l’image de parents parfaits aux enfants. Vos bambins n’ont pas besoin de parents irréprochables mais de parents qui montrent leurs émotions, expriment leurs propres besoins, ont des compétences… et mais aussi leurs limites. Accepter d’être imparfait nécessite aussi de ne pas culpabiliser quand la goutte d’eau fait déborder le vase. Votre colère, comme celle de votre enfant, est un signe qui indique qu’un de vos besoins n’est pas satisfait. Il faut arriver à faire preuve d' »auto-empathie ».
2. Reconnaître les émotions de l’enfant
Le deuxième grand principe qui sous-tend l’éducation positive consiste à reconnaître que
- l’enfant a des émotions.
- celles-ci peuvent être désagréables
- agréables ou désagréables, elles le submergent le plus souvent.
Concrètement, cela signifie quoi ?
Un changement d’attitude : l’empathie au coeur de la relation parents-enfants
Lorsque votre enfant est en crise, vous cherchez véritablement à comprendre ce qui le traverse. Il s’agit de décoder ses émotions en les considérant comme une « réaction biologique à un événement extérieur » *. Souvent, en vous mettant à sa hauteur, vous faites le premier pas pour comprendre son point de vue. Il faut véritablement faire preuve d’empathie. Cela passe par le ton, apaisé, et le regard bienveillant. Ce préalable décisif pour la résolution de la crise s’avère particulièrement compliqué à mettre en oeuvre quand on est pressé ou stressé. Vous avez souvent remarqué que les crises surviennent aussi quand vous êtes déjà en retard pour partir au travail et les emmener à l’école…. Il faut être vraiment disponible et à l’écoute des émotions et des besoins de son enfant. Bref, cela veut dire être capable de prendre du temps quand on en a pas vraiment….
Parfois un câlin va suffire à apaiser l’enfant, soulager son stress et l’aider à réguler ses émotions. A d’autres moments, il refusera d’être touché. Il faut s’adapter à chaque situation et être créatif ! Dans tous les cas, indiquez à l’enfant que vous restez disponible s’il a besoin de réconfort physique.
A force de le lui répéter depuis plusieurs années, notre fils de bientôt 5 ans est capable de demander lui-même un câlin pour « arrêter de pleurer ». Mais cela ne s’est pas produit du jour au lendemain. Je peux vous dire que c’est une vraie satisfaction d’avoir réussi à lui donner une clef pour apprendre à se calmer.
Un changement dans le langage : mettre des mots sur les émotions
L’erreur fréquente consiste à balayer d’un revers de la main ce que nous pensons être une réaction disproportionnée. Cherchant à dédramatiser, nous disons bien souvent « ce n’est pas grave… ». Et alors nous aggravons sans le vouloir la situation.
Se sentir incompris est intolérable.
Cette remarque vaut pour les adultes comme pour les enfants. Prenez acte et reconnaissez l’émotion de votre enfant avec « je comprends que tu es [triste / en colère / frustré] ». Il s’agit de mettre des mots sur les émotions.
D’abord, parce que votre tout-petit de 2 ou 3 ans ne sait pas encore correctement dire ce qu’il ressent. En énonçant ce que vous observez « je vois une petite fille en colère », vous l’aidez à identifier ses émotions. Ensuite, car verbaliser les émotions nous apaise et empêche le stress de nous envahir.
Progressivement, votre enfant sera lui-même en mesure de vous formuler « Je suis en colère ».
3. S’informer des progrès des neurosciences pour pratiquer une éducation positive
Certains principes de l’éducation bienveillante ont été élaborés avant même les dernières découvertes des neurosciences affectives. Pourtant cette une discipline apparue voici une quinzaine d’années justifie en grande partie les pratiques qu’une éducation bienveillante recommande. En effet, ce volet de la recherche permet de comprendre de mieux en mieux ce qu’un jeune enfant peut ou ne peut pas faire en fonction de son âge. Aussi, vous ne pourrez pas faire l’impasse sur quelques lectures pour connaître les grandes étapes du développement du cerveau de votre enfant. Cela vous aidera à accueillir ses émotions et à savoir mieux réagir au lieu d’être dépourvu. Au delà, vous pourrez mieux adapter vos attentes aux capacités et aux compétences réelles de votre enfant.
En France, la pédiatre Catherine Gueguen a largement contribué à diffuser les avancées des neurosciences affectives. Pour aller plus loin, je vous invite à visionner la conférence TEDx qu’elle a donnée en 2015 sur les liens entre les émotions et le développement du cerveau chez les enfants.
Avant 5/6 ans, le cerveau de l’enfant est très immature, fragile et malléable.
Le contrôle des émotions, qui se passe dans le cortex préfrontal, est impossible chez les enfants de cet âge. Cette zone du cerveau n’est finalisée que vers 25 ans. En conséquence, tout est vécu de manière intense et « démesurée » (selon le point de vue de l’adulte) comme si votre enfant ne vivait que des « tempêtes émotionnelles »*. Inutile de lui demander d’aller se calmer seul. Encore moins de le lui demander en lui hurlant dessus.
Peurs, colères, chagrins, rien n’est rationnel car l’enfant n’est pas encore capable d’analyser et de prendre du recul pour « redescendre » émotionnellement.
4. Changer ses formulations pour pratiquer une éducation positive et bienveillante
Pour pouvoir mettre en oeuvre une éducation bienveillante, il est nécessaire de « se rééduquer » pour adopter une formulation positive qui passe par trois modifications :
Abandonner les tournures négatives
Adoptez des tournures positives ! Faire des efforts de reformulation peut sembler anodin mais cela sous-tend beaucoup plus qu’il n’y paraît. La forme est souvent liée au fond. Cherchez à reformuler et vous verrez comme cela peut s’avérer difficile.
Nous avons commencé ce travail avec Papa Crapule quand Stanislas a eu environ 2 ans. A force de répéter et de constater les échecs de nos demandes, nous nous sommes renseignés. Nous avons appris que les tournures négatives n’étaient pas comprises par les tout-petits.
Ils ne peuvent pas à la fois construire l’image mentale et la nier.
Quand Stanislas parlait encore mal, au lieu de dire NON, nous avons privilégié le « STOP » qui est moins conflictuel.
Il s’agit donc de dire à l’enfant ce qu’il PEUT faire. Or nous aimons énoncer des interdits pour formuler les règles. “Ne cours pas” ou “Ne traverse pas la rue”. Il vaut mieux les remplacer par “Marche” et “Reste de ce côté de la rue ou reste près de moi”.
Bannir le « tu » accusateur et culpabilisant
Là encore chassez le naturel, il revient au galop. Il faut vraiment se reprendre pour arrêter de dire « tu m’énerves » qui bloque l’enfant en le plaçant dans une situation désagréable et dévalorisante. Ce n’est d’ailleurs pas vrai que pour les enfants mais dans nos relations aux autres.
Le « tu » nous sépare, bloque le dialogue en plaçant chacun dans une posture « j’ai raison, tu as tort » ou encore « accusateur / accusé ».
Même chez un très jeune enfant qui commence à barguiner, l’emploi du « tu » a un effet dévastateur. Cela augmente son stress et déclenche des comportements de défense en retour.
Je sais que j’ai de gros efforts à faire ici car Stanislas me répond lui-même « tu m’énerves »…. la preuve qu’il l’entend un peu trop quand je m’emporte (oui, oui, je ne suis pas parfaite).
Exprimer ses sentiments et ses besoins avec le « je »
Face à une situation qui ne nous convient pas, le parent bienveillant doit réagir bien sûr. Il doit parler fermement et avec sincérité sans chercher à minimiser l’impact du comportement de l’enfant.
C’est le moment où vous pouvez commencer vos phrases par « je » pour dire vos sentiments et/ou vos besoins. C’est la meilleure des manières pour exprimer votre point de vue sans que votre enfant se sente jugé.
Souvent, le comportement de notre enfant ne nous plaît pas car il entre en conflit avec nos propres besoins. Mais personne ne sait lire dans la tête de l’autre. Votre enfant ne connaît pas vos besoins, tout comme vous ne connaissez pas les siens. Le langage est là pour échanger sur nos besoins respectifs.
L’éducation positive privilégie cette attitude car elle porte une valeur d’exemplarité. En effet, les enfants sont des éponges qui nous imitent. Si nous sommes capables d’exprimer nos émotions sans agressivité, nous inspirons nos enfants pour qu’ils en fassent de même.
Nouvelle formulation à privilégier : Quand je vois/j’entends [décrire la situation en une phrase], je ressens [citer l’émotion].
Pour Thomas Gordon, dans son livre Eduquer sans punir, explique les avantages de ce qu’il appelle les « messages-Je » :
- pour l’adulte : assumer d’avoir des sentiments, des émotions et exprimer son besoin à l’enfant
- pour l’enfant : lui donner l’opportunité
- de modifier son comportement inacceptable de manière responsable
- d’aider l’adulte : le message lui donne une responsabilité et le valorise
5. Respecter le rythme des enfants
Quand on prend le temps d’observer sa pratique de parent, on se rend souvent compte que nous sommes à l’origine des rapports de force avec nos enfants. Leur origine réside souvent dans un problème de timing.
Force est de constater que nous n’avons pas le même rapport au temps. Nous, adultes, sommes souvent pressés quand les enfants, eux, se repèrent difficilement sur le plan temporel. De nombreux conflits naissent de ce télescopage. Quand nous décidons de faire une nouvelle activité alors qu’ils sont absorbés à dessiner et qu’ils n’ont pas fini leur oeuvre d’art. Quand nous leur proposons de manger alors qu’ils n’ont pas faim et sont en train de faire leur dernier puzzle.
Apprendre à respecter le rythme des autres peut être très compliqué, même entre adultes ! Je me rappelle de vacances passées avec des amis où nous avons pu être au bord de la crise de nerfs. Uniquement parce que chaque couple n’avait pas le même rythme. Avec les enfants, c’est pareil.
L’éducation positive cherche à désamorcer les conflits en nous faisant prendre conscience qu’il faut écouter les besoins réels de nos enfants. Après cela ne signifie pas que les conflits disparaissent totalement mais ils sont nettement moins fréquents.
Une dernière astuce par rapport au respect des rythmes consiste à les prévenir des changements à venir. Personne n’aime être interrompu de manière brutale. En informant votre enfant que vous allez quitter le parc dans 10 minutes, il peut se préparer à cette idée et être plus coopératif le moment venu.
6. Responsabilisation et confiance au fondement de l’éducation positive
Une autre source de conflit importe vient très souvent de la peur que nous ressentons pour nos fripouilles. Nous les savons vulnérables et au quotidien nous analysons toutes les situations avec un « radar à risque potentiel ».
Dès que le danger pointe son nez, nous choisissons d’interdire. Parce que cela nous semble plus rapide, parce que ce sont les formules toute faites héritées de notre enfance. « Ne traverse pas la rue ! » ou encore « Ne cours pas dans l’escalier » Aussi parce que nous avons peur de faire confiance dans nos enfants. Pourtant s’ils sont su marcher, c’est parce qu’ils sont su prendre des risques. La vie, c’est le risque !
L’éducation positive privilégie au contraire la responsabilisation.
Pas facile à faire avec de très jeunes enfants qui maîtrisent imparfaitement le langage. Mais personne n’a dit que c’était facile. Personne n’a dit aussi qu’avec une parole magique, votre enfant comprendrait du premier coup !
Faire prendre conscience du danger plutôt que d’interdire nécessite de prendre le temps d’expliquer le danger avec des mots simples et en étant concis. Vous devrez certainement répéter plusieurs fois vos explications, varier vos approches et savoir faire preuve de patience. L’objectif est que l’enfant intègre le danger pour qu’il adopte le bon comportement quand vous ne serez pas là. S’il se comporte correctement uniquement quand vous êtes là pour lui ordonner son comportement, vous craindrez toujours pour lui.
7. Poser des règles
Le parent bienveillant cherche à accueillir toutes les émotions des enfants, agréables ou désagréables.
Mais il ne s’agit pas d’accepter tous les comportements.
Les détracteurs de cette manière d’éduquer ont trop tendance à lui accoler le terme de « permissif » ou « laxiste ». Ils parlent des « dangers de l’éducation positive ». Au contraire, cette approche éducative ne nie pas la nécessité de poser des règles claires et non négociables. Ces principes assurent le bon fonctionnement de la vie en collectivité et la sécurité de tous.
Le respect mutuel entre parent et enfant est au coeur de l’éducation positive.
Concernant les coups que nos chères crapules ont du mal à maîtriser, la règle reste : “Les parents ne frappent pas les enfants, les enfants ne tapent pas les parents.”
Là où l’éducation bienveillante diffère des autres approches éducatives, c’est principalement dans
- l’élaboration des règles
- la manière de les faire respecter
Etablir les règles pour éduquer avec bienveillance
L’approche positive part du principe que les enfants ont plus envie de suivre les règles dont ils ont compris l’intérêt. Il s’agit de donner du sens aux règles en sachant expliquer leur fondement et pourquoi nous en avons besoin.
L’éducation positive considère aussi que les enfants respectent encore mieux les règles s’ils ont participé à leur construction. Alors suivre la règle revient à faire preuve d’auto-discipline. Les modalités pour fixer les règles peuvent varier.
Les problèmes du quotidien constituent un point de départ opportun pour réfléchir aux règles dont nous avons besoin pour fonctionner tous ensemble en famille. Parce que les erreurs sont toujours une formidable occasion d’apprendre. Vous pourrez chercher à mettre en oeuvre la « résolution de problème » préconisée par Joanna Faber et Julie King ou encore la solution gagnant-gagnant de Thomas Gordon.
- Identifier le problème
- Rechercher des solutions possibles et les différentes options
- Évaluer les solutions
- Choisir la ou les meilleure(s) solution(s)
- Appliquer la solution
- Évaluer les résultats
Ces règles peuvent faire l’objet d’un affichage en bon et due forme à certains endroits clefs de la maison pour aider les enfants à s’en souvenir.
Faire respecter les règles selon une éducation positive
Un premier effort à faire consiste à être constant dans l’application des règles. Il ne s’agit pas de tolérer un jour ce qui vous allez vouloir sanctionner le lendemain. Cela nécessite de réfléchir vraiment à ce qui nécessite d’être « normé ». Si votre humeur ou votre niveau de fatigue vous fait changer d’avis sur un comportement, alors vous devriez sûrement y réfléchir à deux fois. Mieux vaut peu de règles mais stables et claires que trop de règles.
Dites vous aussi que l’enfant ne peut pas tout apprendre d’un coup. Il s’agit d’un cheminement. Donc prioriser les règles en fonction de son âge et de vos propres besoins. Une fois qu’une règle est « acquise », vous pouvez vous concentrer sur une nouvelle règle.
Vous pouvez aussi inciter votre enfant à respecter les règles : « dès que tu auras rangé ta chambre, nous pourrons faire un puzzle car nous avons besoin d’espace pour le construire ». Ainsi vous responsabilisez votre enfant et il comprend mieux l’intérêt de ranger sa chambre.
Réagir à la transgression des règles
Un comportement inapproprié ou transgressant une règle ne restera pas sans réaction de la part de l’adulte bienveillant. En revanche, la manière de faire respecter les règles, si elle n’est pas autoritaire, nécessite de la fermeté. La réaction doit d’abord être ajustée en fonction de la règle transgressée. Manger en faisant tomber des miettes ou courir dans une rue où la circulation est dense ne doit pas appeler la même réponse.
Inviter l’enfant à réparer lui-même son erreur renforce son estime de lui et aide à le responsabiliser. Soit demandez-lui s’il a sa propre idée pour remédier au problème, soit formulez une recommandation. « Un coup de balai permettrait de ramasser toute ces miettes tombées par terre ».
8. Encourager et motiver au coeur d’une éducation bienveillante
Encourager, c’est croire dans les capacités de notre enfant
En se penchant dans l’éducation positive aussi appelée bienveillante ou bientraitante, on découvre aussi que les compliments, s’ils font plaisir, peuvent avoir des effets négatifs sur le long terme. En rendant l’enfant dépendant de notre approbation et donc du regard des autres, ils ne l’encouragent pas à avoir confiance en lui et à prendre des risques. Parce que s’il échouait, il prendrait le risque d’être jugé par ses parents. La motivation pour bien faire est externe à l’enfant. A l’inverse énoncer des encouragements renforce la motivation intrinsèque et donne des occasions de s’auto-évaluer.
Là encore, il est nécessaire de changer la formulation. Plutôt que dire « ce dessin est joli », préférez décrire ce que vous voyez. « Je vois que tu as dessiné des traits bien alignés ». Vous pouvez aussi poser des questions pour ouvrir le dialogue : « comment as-tu fait pour avoir des traits aussi bien alignés ? » Bref, en procédant ainsi, vous témoignez aussi un plus grand intérêt aux réalisations de votre enfant. Les compliments peuvent être faits à la va-vite. Un encouragement nécessite du temps pour reconnaître les efforts ou les progrès accomplis. Cela permet à l’enfant de prendre conscience qu’il a le pouvoir de changer une situation. Cela renforce sa confiance en lui puisqu’il réalise qu’il peut s’améliorer.
Motiver autrement que par la récompense
L’éducation bienveillante nous amène aussi à remettre en cause la récompense. Il s’agit souvent d’une punition déguisée : « si tu agis comme je le souhaite, nous irons au cinéma ensemble » peut se formuler aussi « si tu ne fais pas ce que j’attends de toi, tu perdras la chance d’aller au cinéma avec moi. » Par ailleurs, la récompense joue sur les mêmes ressorts que les compliments abordés un peu plus haut. Comme pour ces derniers, la raison de bien agir est externe. L’enfant peut se dire « si on a besoin de me récompenser pour faire cela, c’est que cela ne doit pas être si intéressant que ça ». Le risque sous-jacent est une perte de sens. La démarche bienveillante vise au contraire à nourrir l’enthousiasme des enfants, à renforcer leur motivation intrinsèque à agir correctement. C’est très exigeant.
Alors comment motiver ?
Parmi les autres ressorts de la motivation, on peut utiliser le jeu. Je m’explique. Vous pouvez dire à un enfant « range ta chambre, sinon tu n’as pas de dessert ce soir au repas ». Vous pouvez aussi lui dire « qui de nous deux sera le plus rapide pour ranger les jouets qui trainent dans ta chambre ? » Clairement, la deuxième proposition donne beaucoup plus envie d’agir car elle utilise un ressort essentiel de l’apprentissage : le jeu.
En guise de conclusion
Vous aurez compris que si vous choisissez la voie de l’éducation positive, vous devrez y consacrer du temps et être inventif. Savoir aussi que changez ses habitudes n’est pas une mince affaire même si vous le souhaitez du fond du coeur. Au quotidien, cela demande de mettre en oeuvre quatre compétences majeures :
- écouter les besoins réels de votre enfant, énoncés ou non dits;
- comprendre
- que les émotions suscitées par ces besoins sont liées à au développement de son cerveau ;
- que ses comportements inappropriés permettent d’identifier des compétences à acquérir en priorité ;
- que les règles sont d’autant mieux respectées qu’elles sont claires et comprises ;
- qu’une autre voie que la punition est possible pour remédier à la transgression des règles ;
- encourager pour renforcer l’estime de soi de votre enfant en s’attachant à reconnaître ses efforts et ses progrès ;
- motiver autrement que par la récompense.
Parmi les blogs sur la thématique que j’apprécie particulièrement et que je vous encourage à suivre pour des conseils précis au quotidien :
Enfin, je ne peux achever ce billet sans vous inviter à lire quelques ouvrages majeurs sur le sujet.
- Parler pour que les tout-petits écoutent : je propose des fiches de lecture du livre de Joanna Faber et Julie King par chapitre tant l’ouvrage est riche d’informations
- J’ai tout essayé ! d’Isabelle Filliozat
- Pour une enfance heureuse de Catherine Gueguen
- La discipline positive de Jane Nelsen
- Eduquer sans punir de Thomas Gordon
* Catherine Guegen