En matière d’éducation, tous les parents sont confrontés à de nombreux choix. Si certains viennent à l’esprit aisément, d’autres domaines comme l’hygiène sont moins évidents. Pourtant là aussi, les parents prennent position. Le plus souvent, sans s’en rendre compte, l’immense majorité opte pour la facilité des couches à usage unique. Pourtant, de plus en plus de parents s’orientent vers des couches « eco-friendly » voire des modèles lavables. Mais très peu encore sont ceux qui relèvent le défi d’adopter l’hygiène naturelle infantile. Enfin à y regarder de plus près, ce propos n’est-il pas un petit peu trop nombriliste …?
D’où vient l’hygiène naturelle infantile ?
L’hygiène naturelle infantile ne vous parle peut-être pas, mais elle est pourtant bien ancrée dans notre civilisation, et ce depuis un certain temps…
Une pratique ancestrale toujours d’actualité
Si dans les pays développés, il nous semble naturel d’utiliser des couches pour bébé, cela n’a pas toujours été le cas. Aujourd’hui encore, une bonne partie de la planète n’en utilise pas ! Et heureusement quand on pense aux déchets que les versions à usage unique produisent chaque année.
En fait, dans les pays pauvres, les familles n’ont pas les moyens d’acheter des couches. Par ailleurs, le portage sur le ventre ou sur le dos fait que les mères ont un contact rapproché avec leur bébé. Elles sentent leur bébé remuer, voire détectent ses mouvements intestinaux et sont capables d’anticiper le besoin d’éliminer.
L’HNI dans les pays occidentaux
Cette pratique revient en force dans certains pays occidentaux, mais reste encore confidentielle en France. Elle s’inscrit dans la volonté de respecter davantage le rythme de l’enfant , en matière d’hygiène. Il s’agit d’être à l’écoute des besoins du bébé dans tous les domaines de la vie. Donc en général, cette démarche de proximité passe par l’allaitement au sein, le cododo, le portage ou encore la parentalité positive.
Certains pensent qu’il s’agit d’une méthode pour rendre bébé propre. Cette approche ne correspond pourtant pas à la réalité. Si les parents observent l’acquisition de la propreté de manière plus précoce, il s’agit d’une conséquence, mais pas d’un objectif. En général, un bébé est rarement propre avant 18 mois.
Il ne s’agit donc pas de placer son bébé à intervalle régulier et de manière coercitive sur le pot en attendant qu’il urine ou fasse ses besoins. Ce serait totalement l’inverse de l’esprit de l’HNI.
Dans tous les cas, pratiquer l’hygiène naturelle infantile (HNI ) ne signifie pas laisser son bébé tout nu pour pouvoir éliminer où bon lui semble. Cela nécessite un apprentissage de la part des parents.
Comment mettre en place l’hygiène naturelle infantile avec son bébé ?
Les mamans dans les pays développés ne portent pas leur bébé en permanence comme on peut l’observer dans les pays en développement. Si vous êtes dans ce cas, vous vous demandez sûrement comment faire pour mettre en place l’HNI avec votre bébé ?
Apprendre à reconnaître les signes
Un nouveau-né apprend très vite à exprimer ses besoins, qu’il s’agisse de manger, dormir ou de faire un rot. C’est aussi le cas pour l’inconfort et le besoin d’éliminer. Il va donc se manifester. Encore faut-il reconnaître ses signes. Et là vous devrez faire preuve d’une grande disponibilité et de patience.
En effet, il n’y a pas de recette miracle en matière d’HNI, pas de signe sûr à 100%. Chaque bébé est différent et il faudra vous adapter aux signes de VOTRE bébé. Au bout de quelques semaines, vous pourrez être capable de connaître son rythme et donc d’anticiper. Après, les rythmes changent aussi progressivement.
À force de l’observer, vous saurez détecter les signes. Certains bébés font des grimaces ou des grognements. D’autres émettent certains types de pleurs. À ce sujet, je vous invite à lire en complément mon article consacré au décodage des pleurs de bébé avec la méthode du Dunstan Baby Language.
Certains parents ont mis en place un mode de communication spécifique avec un son différent pour le besoin d’uriner et celui d’aller à la selle. L’idée est de construire un langage commun qui facilite l’échange et votre compréhension mutuelle. Quand vous décodez les signes, vous placez votre bébé dans la position pour se soulager. Puis vous émettez le son convenu pour dire à l’enfant que c’est le moment de relâcher son sphincter. Certains utilisent aussi le langage des signes dans cette perspective.
Quand commencer à pratiquer l’HNI ?
Selon les parents, le début de la pratique diffère. Et il faut reconnaître qu’il n’y a pas d’âge précis recommandé. Ce n’est pas une science exacte. En revanche, il y a une certaine logique dans certains choix.
Si vous pratiquez l’HNI pour respecter les besoins de bébé et éviter l’emploi des couches, autant commencer dès la naissance, en tout cas avant les 6 premiers mois . Un bébé de moins de 6 mois ne se déplace pas encore. Donc même en cas d’accidents, l’espace à nettoyer restera assez circonscrit. C’est terre à terre, mais il faut être réaliste !
Après 6 mois, les choses pourraient se gâter. Si vous attendez ultérieurement, votre bébé se sera en effet habitué à fonctionner avec des couches. Il faudra alors lui apprendre un autre mode pour se soulager. Il devra aussi apprendre à communiquer à ce sujet.
Enfin, d’autres parents commencent au moment où ils pensent que bébé est prêt à faire l’acquisition de la propreté. C’est une manière de voire qui ne correspond pas forcément à l’esprit de l’HNI. A vous de voir !
Quels vêtements pour favoriser l’hygiène naturelle infantile ?
Si vous n’allez pas mettre de couches à votre bébé, rassurez-vous vous n’allez pas non plus le laisser tout nu. Il risquerait d’ailleurs de prendre froid sous des latitudes tempérées.
En revanche, certains habits sont intéressants car ils sont plus pratiques pour mettre en place cette démarche. En effet, si votre bébé est ficelé avec des tenues compliquées, vous n’avez aucune chance d’avoir le temps de le déshabiller assez vite pour lui proposer le pot avec succès ! Or il faut écourter au maximum le délai entre le moment où vous identifiez le signal de bébé et celui où vous le mettez en position pour éliminer.
La fréquence de miction chez un nouveau-né augmente durant la première semaine de vie. Après la première semaine, votre nourrisson urinera au moins six fois en 24 heures s’il boit assez de lait. Ce n’est qu’au fil du temps, après plusieurs mois que ces sphincters seront suffisamment musclés pour espacer les pipis et les cacas. Donc le temps entre le signal émis et l’évacuation sera plus long aussi. En attendant, mieux vaut mettre toutes les chances de son côté pour éviter les « ratés » autant que possible.
Parmi les vêtements adaptés à l’Hygiène Naturelle Infantile, figurent
- Le pantalon chinois : il s’ouvre au milieu pour mettre bébé sur le pot, et peut se porter avec ou sans couches.
- Une autre forme de pantalon appelée « crawler » : ici les deux jambes du pantalon sont coupées pour se séparer plus rapidement.
- La ceinture élastique : elle tient la couche comme si votre bébé adoptait le style d’un « sumo ».
- Même si a priori, l’HNI va de pair avec l’absence de couche, des couches spéciales HNI ont été développées.
Par ailleurs, pour les nourrissons, vous pouvez aussi faire l’acquisition d’alèses que vous placerez au sol sous les fesses de bébé au cas où.
L’Hygiène Naturelle Infantile et le sommeil
Qu’il s’agisse d’une sieste ou de la nuit, voilà des moments où votre bébé ne fera pas forcément de signes avant-coureurs. Tout simplement il se réveillera. En effet, souvent les réveils indiquent un besoin d’uriner… ou de manger.
Il s’agira alors de le porter délicatement au dessus du récipient prévu à cet effet pour lui permettre de se soulager avant qu’il puisse rejoindre les bras de Morphée.
Vous pouvez aussi simplement disposer une serviette éponge bien épaisse et absorbante, en plus d’une alèse. Ce sera plus facile à changer en pleine nuit qu’une couche.
Enfin, certains parents utilisent un système de lange fixé par la ceinture élastique mentionnée plus haut. Le lange absorbe l’urine, le temps que vous le changiez.
Trouver une solution de garde qui pratique l’HNI
Il faut d’abord avoir conscience que pratique l’HNI nécessite d’être disponible. Si vous avez pris un congé parental, vous vous donnez les moyens. Mais comment faire quand on travaille ? Vous pourrez pratiquer les week-ends et pendant vos vacances de manière alternée avec des couches.
Mais si cela correspond à une démarche profonde qui vous tient à cœur, vous devrez donc chercher des professionnels de la petite enfance qui sont sur la même longueur que vous. Or peu de crèches et d’assistantes maternelles proposent l’HNI pour les nourrissons. Cela vous rajoute une contrainte.
J’ai cherché si un annuaire existait quelque part référençant les professionnels en question. Je n’ai rien trouvé. Si vous connaissez un site qui pourrait aider les lecteurs de Petite Crapule à en identifier une près de chez eux, partagez l’information dans les commentaires !
Pourquoi opter pour l’hygiène naturelle infantile ?
Les parents qui adoptent l’HNI comme manière de vivre avec leur bébé y trouvent de nombreux avantages que nous pouvons regrouper
Le bien-être et la santé de bébé avant tout
Les journaux nous alertent régulièrement sur les substances nocives que peuvent contenir les couches. Pratiquer l’hygiène naturelle infantile donne la priorité à la santé de votre enfant. C’est choisir de le protéger et tout particulièrement ses fesses !
Elles ne seront jamais en contact avec des pesticides, encore moins avec l’humidité de son urine ou avec ses selles. Certes l’urine est stérile quand elle sort de son corps. Mais le milieu humide est favorable à la formation des bactéries et irrite la peau sensible des bébés. Le risque d’érythème fessier est quasi inexistant quand on opte pour l’HNI.
L’HNI pour renforcer le lien avec bébé
En pratiquant l’HNI dès la naissance de votre bébé, vous répondez à ses besoins en misant sur la communication pour renforcer le lien avec votre enfant. Bien sûr, vous pouvez adopter le portage vous aussi quand vous êtes à la maison avec bébé. Dans tous les cas, vous allez développer une écoute empathique qui vous servira à le comprendre en toute circonstance.
Au final, vous gagnerez en qualité de vie car un bébé dont les besoins sont satisfaits est un bébé épanoui qui pleure moins souvent.
Une solution pratique
Même si ce n’est pas évident à première vue, l’HNI se révèle pratique quand vous voulez vous déplacer avec bébé.
Tout jeune parent sait le stress des premières sorties avec bébé avec la préparation du sac à langer. Être sûr(e) de n’avoir rien oublié, anticiper les doses de lait pour ceux qui nourrissent bébé au biberon… Bref, vous êtes fatigué(e) avant d’avoir mis le nez dehors !
Avec l’HNI, rien de tout ça. Vous sortez sans avoir à préparer un sac à langer. Comme vous sortez le sein s’il a faim, vous lui trouvez un endroit d’aisance lors de vos sorties. C’est donc aussi du temps de gagné pour vous et bébé.
Une nette économie en matière budgétaire
Puisque l’HNI implique de ne pas recourir aux couches, cela signifie que vous allez faire des économies substantielles ! Que vous choisissiez des couches lavables qui nécessitent un investissement initial important ou des couches jetables, le résultat est le même pour votre portefeuille. Gérer l’hygiène de bébé engloutit plusieurs centaines voire milliers d’euros jusqu’à ce qu’il atteigne la continence.
Une enquête de l’ADEME de 2012 cherchant à comparer couches lavables et couches jetables a établi le budget pour 2,5 ans respectivement à :
- 950 à 2250 euros pour 4500 couches à usage unique
- 490 à 720 euros pour 24 à 40 couches lavables.
Une démarche respectueuse de la planète
Un dernier argument pour opter pour l’HNI repose aussi sur le fait qu’ici il n’y a aucun déchet produit en dehors des excréments et de l’urine de bébé.
De plus, vous ne dépensez aucune énergie, ni eau pour laver d’éventuelles couches lavables. Bref, l’hygiène naturelle infantile s’inscrit dans la perspective de préserver la Terre que nous laissons à nos enfants.