Manger des moules enceinte : dangereux ou pas ?

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PAR Anne-Laure

Ah les envies de femme enceinte… On ne les présente plus ! Il a suffi d’un reportage de trois minutes sur la Braderie de Lille pour éveiller vos papilles et vous n’avez que ça en tête : une cocotte de moules frites fumantes. Mais ces petits coquillages sont-ils adaptés à l’alimentation d’une future maman ? Pouvez-vous, oui ou non, déguster des moules enceinte ? Faut-il prendre des précautions pour consommer ce fruit de mer pendant 9 mois ? Y a-t-il des recettes à éviter ? Je réponds aujourd’hui à toutes vos interrogations.

Vous pouvez bel et bien manger des moules pendant votre grossesse pour profiter de leurs bienfaits nutritionnels. Il vous faudra toutefois respecter quelques consignes d’hygiène et de préparation. Pour résumer, vous ne courrez aucun danger d’intoxication alimentaire tant que vous mangez des moules cuites.

Les bienfaits nutritionnels des moules pour les femmes enceintes

Bien cuisinées, les moules ne constituent pas de danger et mieux encore, elles sont pleines de vertus ! En effet, ces mollusques renferment une quantité insoupçonnée de nutriments essentiels, particulièrement durant la grossesse.

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D’abord, ces petites coquilles sont une source de protéines animales intéressantes pour la femme enceinte avec 17,2 g /100 g consommés. Or les besoins de la femme enceinte en protéines sont particulièrement importants : 1,2 g/kg/jour à couvrir à 50% par des protéines d’origine animale (viandes, poissons, œufs, produits laitiers). Elles contribuent à la construction des nouveaux tissus du fœtus.

De plus ces petits mollusques affichent une faible teneur calorique : près de 108 Kcal pour 100 g consommés. Il s’agit donc d’un excellent aliment qui vous aidera à réguler votre prise de poids pendant la grossesse.

Exploitant de moules

Zoomons maintenant sur la teneur des moules en vitamine B9 ou folates. Celle-ci les classe ainsi dans les la catégorie des aliments à l’apport moyen avec 48 ug pour 100g consommées cuites à l’eau / bouillies (Source : Cinqual – ANSES). Cette vitamine, très intéressante pour la future maman durant le début de sa grossesse, participe à la formation du système nerveux central au stade embryonnaire. Or le corps humain ne peut le fabriquer l’acide folique. C’est la raison pour laquelle, les professionnels de santé prescrivent souvent des comprimés d’acide folique en début de grossesse, voire même avant. Donc manger des moules durant la grossesse peut vous éviter des carences préjudiciables au développement du fœtus.

Enfin ces coquillages contiennent également du fer et de l’iode en quantité importante, respectivement 3,99g et 106ug pour 100g consommés. Ceci les fait recommander par Programme national de nutrition santé aux femmes enceintes.

Quels sont les risques de manger des moules enceinte ?

Manger des moules de façon inadaptée constituerait un risque pour votre santé et celle de votre bébé. En effet, durant votre grossesse, ce que vous mangez, influe directement sur le développement de l’embryon.

Les risques encourus ne sont pas anodins : anomalies de développement du bébé, infections graves, accouchements prématurés. Dans les cas les plus graves, la maman peut faire une fausse couche ou donner naissance à un bébé mort-né. Il est donc primordial d’être un brin curieuse et de s’informer sur ce qui se cache derrière chaque aliment sensible pour mieux comprendre les enjeux et ne pas prendre de risques au cours de votre grossesse.

D’où viennent les risques de consommer des moules pour la femme enceinte ?

Le premier est malheureusement lié à la pollution marine. Nos mers et océans sont pollués et des métaux lourds, notamment le mercure, se retrouvent parfois dans nos assiettes. Or les moules appartiennent à la famille de mollusques filtreurs qui se nourrissent de plancton en filtrant l’eau. Bien que les moules fassent partie des espèces présentant une faible teneur en mercure, il convient de rester raisonnable et de ne pas en consommer excessivement !

Le second, et non des moindres, est lié aux virus et bactéries nocives que renferment ces mollusques, qui, consommés crus peuvent être à l’origine de sévères infections alimentaires.

Quelles maladies puis-je contracter en consommant des moules en étant enceinte ?

La listériose

Une des bactéries retrouvées dans les moules, la listeria monocytogenes, est responsable de la listériose.

Cette bactérie peut traverser le placenta pour arriver jusqu’au fœtus et entraîner une infection grave du cerveau (encéphalite, méningite) ou du sang (septicémie). Elle peut également se traduire par des malformations ou des retards de croissance. Enfin, elle peut également mettre en péril le bon déroulement de la grossesse et aboutir à un accouchement prématuré, une fausse couche ou un décès in utero.

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Il faut faire preuve de la plus grande vigilance. Une fois contractée par la femme enceinte, la mortalité fœtale et néonatale reste très lourde, en moyenne près de 25% en France (1 femme enceinte sur 4 qui contracte la listériose perd son bébé).

Les symptômes s’ils se manifestent, s’apparentent le plus souvent à ceux d’une grippe chez la femme enceinte. D’autres symptômes existent, n’hésitez pas à vous renseigner davantage sur le site de l’Assurance Maladie.

La toxoplasmose

La toxoplasmose est la deuxième infection à craindre en consommant des moules enceinte. La contamination passe par de l’eau, elle-même souillée par des matières fécales. Des cas ont en effet été rapportés dans différents pays (Espagne, Italie, Pays-Bas, UK, Irlande, Turquie- USA, Canada, Brésil).

Dans plus de 80 % des cas, y compris les femmes enceintes, la toxoplasmose est asymptomatique. Sinon, divers symptômes peuvent apparaître : fièvre, présence de ganglions, éruption cutanée, maux de tête, etc. En début de grossesse, le risque de transmission au fœtus est rare, de l’ordre de 5%. Mais les conséquences sur l’enfant sont alors plus graves (atteintes oculaires le plus souvent, problèmes cérébraux). La probabilité de transmettre la toxoplasmose est plus importante en fin de grossesse, de l’ordre 70% au 3ème trimestre. Toutefois, les conséquences sont alors généralement moins sévères car le bébé a eu le temps de se construire un système immunitaire plus robuste.

Dans des cas plus exceptionnels, cette infection peut mener à un accouchement prématuré ou au décès du bébé.

Enfin, vous n’êtes pas à l’abri d’une intoxication alimentaire, comme une gastro-entérite, due à d’autres germes. Alertez-vous si des vomissements, diarrhées, crampes abdominales ou de la fièvre se manifestent. Malheureusement, les risques de ne pas mener une grossesse à terme et de décès in utero existent aussi dans ce cas. Restez donc vigilante et prenez toutes les précautions nécessaires…

Recommandations pour continuer à manger des moules enceinte

En effet, même si le tableau dressé ci-dessus est un peu sombre, j’ai une bonne nouvelle : en respectant quelques règles simples, vous pourrez toujours vous régaler de vos coquillages préférés. Je vous explique comment.

Règle n°1 : La fraîcheur et la conservation des moules

Bien que l’envie de s’attabler au resto et de commander les traditionnelles moules frites vous titille, ne cédez pas à la facilité. Motivez-vous et concoctez ce bon petit plat à la maison. Ainsi vous saurez exactement ce qui se trouve dans votre assiette !

Pour bien démarrer, il vous faut des produits frais. Pour cela, approvisionnez-vous auprès d’une personne de confiance : votre poissonnier habituel par exemple. Achetez-lui des moules vivantes.

La moule bénéficie de deux labels Rouge, Moules et Moules de filières élevées en pleine mer, d’une spécialité traditionnelle garantie (STG), Moules de bouchot, et d’une AOC-AOP Moules de bouchot de la baie du Mont-Saint-Michel.

Le Marché International de Rungis

Ces labels vous assurent de la qualité de ces coquilles au même titre que l’AOP ou l’IGP pour les fromages.

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Etale de moules fraiches chez un poissonnier

Et si vous n’avez pas la chance d’avoir un poissonnier de confiance, les moules vendues au rayon frais du supermarché, en conserve ou surgelées ne présentent pas de danger et seront un excellent plan B.

Veillez à respecter la chaîne du froid en emmenant un sac isotherme ou une glacière avec vous et enfin achetez-les de préférence le jour J, un séjour au frigo augmentera le risque de contamination.

Une fois lavées convenablement, un petit tri s’impose. Cuisinez les moules uniquement fermées ou qui se referment lorsque vous les touchez. Qui dit fruits de mer frais dit moule vivante ! Évitez également les moules dont la coquille est fissurée. En cas de doute, faites le test du verre d’eau. Si la moule est fraîche elle coulera, au contraire si elle ne l’est pas, elle flottera. Jetez-là sans état d’âme !

Règle n°2 : La cuisson des moules

Les moules sont à consommer impérativement cuites pour éviter tout risque de contamination par de vilaines bactéries.

En effet, les bactéries comme la listeria monocytogenes peuvent proliférer dans le réfrigérateur. Elles peuvent même survivre dans le congélateur mais sont tuées par la chaleur. Une cuisson sûre est une cuisson où la température de chauffe avoisine les 70°C (65°C minimum) pendant au moins trente minutes.

Moule fraiche à la coquille ouverte

Des moules qui se referment au contact constituent un signe de fraîcheur à l’achat. Mais, attention, après la cuisson c’est le contraire ! Traquez les moules fermées ou à peine entrouvertes : elles ne sont pas consommables !

Règle N°3 : Renoncez à certaines recettes de moules

Pourtant il ne suffit pas de déguster des moules cuites achetées de préférence chez votre poissonnier pour ne courir aucun danger pendant votre grossesse.

En effet, les traditionnelles recettes de moules contiennent bien souvent de l’alcool. Moules du bouchot au vin blanc, à la bière et autres moules marinières : les chefs aiment à marier les saveurs des produits de la mer avec celles des vignobles. C’est particulièrement le cas avec les vins blancs secs.

Bien qu’il s’agisse d’alcools cuits, ces recettes sont à éviter. En effet, même après une cuisson de 2 heures et demie, 5% de la quantité d’alcool initiale restent présentes dans le plat.

Ainsi en optant pour des moules cuisinées à base d’alcool, vous prenez le risque que l’alcool soit encore présent après cuisson. Or cela implique des répercussions sur le fœtus pouvant aller jusqu’au syndrome d’alcoolisme fœtal. Si vous voulez creuser le sujet, je vous invite à consulter mon article dédié aux risques de la consommation d’alcool durant la grossesse.

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Règle N°4 : Déclinez les moules sous de nouvelles formes !

Pour éviter toute complication, je vous conseille de sortir des sentiers battus et de partir sur une revisite des moules comme dirait Cyril Lignac !

Moules gratinées, velouté de moules, risotto de moules, tout autant de recettes de moules bien cuites que vous trouverez sur le web et qui valent le coup d’être testées ! Et si vraiment vous ne pouvez pas vous passer de moules marinières, supprimez le vin de la recette et préparer vos mollusques avec des oignons, des échalotes et de la crème fraîche. C’est tout aussi délicieux !

Moules gratinées, une recette appropriée pour les femmes enceintes

En guise de conclusion

Vous l’aurez compris, si vous prenez ces précautions, vous pourrez vous régaler de moules enceinte et faire le plein de bonnes choses tout en protégeant votre santé et celle de votre (future) petite crapule ! Et n’oubliez pas, en cas de doute, le meilleur réflexe reste de s’abstenir ou de demander un avis médical.

Sources & Références

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Anne-Laure
Anne-Laure est la maman d'un petit garçon de 6 ans. Fondatrice de Petite Crapule, depuis sa grossesse elle n'a pas arrêté de s'informer sur la maternité et la parentalité. Elle partage ici ses recherches et expériences de maman blogeuse, entrepreneure et auteure.

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